Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, estime qu’il existe un risque « sérieux » de troisième guerre mondiale à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans une interview télévisée accordée à la chaîne russe Channel One lundi (25/4), M. Lavrov accuse les pays de l’alliance militaire de l’OTAN de promouvoir une guerre « par procuration » en Ukraine en offrant des armes et de l’aide aux Ukrainiens. Selon le ministre russe, cela « jette encore plus d’huile sur le feu » – et affirme que tout doit être fait pour éviter une troisième guerre mondiale.
M. Lavrov a été interrogé sur une déclaration du président américain Joe Biden selon laquelle un conflit nucléaire doit être évité.
« Les risques sont très importants [d’une troisième guerre]. Je ne veux pas gonfler cela artificiellement », souligne M. Lavrov, selon une transcription sur le site web du ministère russe des Affaires étrangères. « Le danger est sérieux, réel. Il ne faut pas la sous-estimer. »
M. Lavrov indique que Moscou et Washington devraient renouveler l’engagement pris par les anciens dirigeants russes et américains, Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan, selon lequel « il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire ».
Il est également demandé à M. Lavrov de comparer le danger d’une confrontation nucléaire aujourd’hui avec celui vécu lors de la crise des missiles de Cuba en 1962 entre les États-Unis et l’Union soviétique.
« Pendant la crise des missiles cubains, il n’y avait pas beaucoup de règles écrites, mais les règles de conduite étaient suffisamment claires. Moscou a compris le comportement de Washington. Washington a compris comment Moscou se comportait. Aujourd’hui, il reste peu de règles », répond M. Lavrov.
Une tentative de la Russie de faire peur au monde ?
Le ministre britannique des forces armées estime que les commentaires du ministre russe ne sont que des « bravades ».
« La marque de fabrique de M. Lavrov, depuis plus de 15 ans qu’il est le ministre des affaires étrangères de la Russie, est ce genre de bravade. Je ne pense pas qu’il y ait une menace imminente d’escalade maintenant », souligne James Heappey à la BBC.
« Ce que l’Occident fait pour soutenir ses alliés en Ukraine est très bien calibré ».
Interrogé sur la possibilité que la Russie utilise une arme nucléaire tactique, M. Heappey a déclaré qu’il pensait qu’il y avait une possibilité « décroissante » d’une telle escalade. M. Heappey a déclaré que si l’OTAN renforce son flanc oriental, elle ne fournit pas d’aide militaire.
Le gouvernement britannique affirme qu’il est incorrect de présenter la guerre en Ukraine comme un effort de l’OTAN contre la Russie.
« Il ne s’agit pas d’un effort de l’OTAN, mais d’une communauté de pays donateurs qui apportent des contributions bilatérales aux Ukrainiens et cette communauté de donateurs s’étend bien au-delà des frontières de l’OTAN », indique le ministre britannique à la BBC.
« Cela convient au récit du Kremlin de prétendre qu’ils sont en quelque sorte en confrontation avec l’OTAN. Ils disaient cela avant même que la guerre ne commence, mais cela n’a pas de sens et Lavrov le sait. »
Le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kulebo, estime que les commentaires de M. Lavrov sont une tentative de la Russie de « faire peur au monde pour qu’il ne soutienne pas l’Ukraine ».
Il explique sur Twitter que « parler d’un danger « réel » de troisième guerre mondiale signifie seulement que Moscou pense qu’elle sera vaincue en Ukraine. »
Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a déclaré : « nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine »
La crainte d’une escalade du conflit en Ukraine vers une guerre nucléaire, voire une troisième guerre mondiale (impliquant l’OTAN et la Russie), est une préoccupation constante depuis le début de l’invasion.
En mars, quelques jours après le début de l’invasion, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que ses « forces de dissuasion » étaient prêtes au combat – ce qui a été compris comme signifiant des armes nucléaires – en mode « prêt au combat ».
Cela a fait craindre que Moscou n’utilise des armes nucléaires « tactiques », qui peuvent être utilisées sur des distances relativement courtes. Cependant, rien de tout cela n’a été confirmé jusqu’à présent.
Mardi (26/4), on a demandé au Premier ministre britannique Boris Johnson s’il craignait que le conflit en Ukraine ne passe au niveau nucléaire. Il a répondu : « non. »