La Cour pénale internationale (CPI) a fait du président Vladimir Poutine un homme recherché.
Le tribunal l’accuse d’être responsable de crimes de guerre et a axé ses demandes sur la déportation illégale d’enfants d’Ukraine vers la Russie.
Il affirme que les crimes ont été commis en Ukraine à partir du 24 février 2022, date à laquelle la Russie a lancé son invasion à grande échelle.
Dans une déclaration, la CPI a indiqué qu’elle avait des motifs raisonnables de croire que M. Poutine avait commis les actes criminels directement ou en collaboration avec d’autres personnes.
La Cour a également déclaré que M. Poutine n’avait pas fait usage de ses pouvoirs présidentiels pour mettre fin à l’expulsion d’enfants.
La commissaire russe aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, est également recherchée par la CPI pour les mêmes faits.
Par le passé, elle a ouvertement parlé des efforts déployés pour endoctriner les enfants ukrainiens emmenés en Russie.
En septembre dernier, Mme Lvova-Belova s’est plainte que certains enfants emmenés de la ville de Mariupol « parlaient mal du [président russe], disaient des choses horribles et chantaient l’hymne ukrainien ».
Elle a également affirmé avoir adopté un garçon de 15 ans originaire de Marioupol.
Moscou a nié ces allégations et qualifié les mandats de « scandaleux ».
Human Rights Watch déclare que les mandats « envoient un message clair : donner l’ordre de commettre ou tolérer des crimes graves contre des civils peut conduire à une cellule de prison à La Haye ».
La Russie n’est pas membre de la CPI et on ne s’attend pas à ce que des suspects soient livrés.
Toutefois, le mandat d’arrêt fera du président russe un paria international et rendra ses déplacements difficiles, en particulier dans les pays signataires de la CPI.
Les membres de la CPI sont tenus d’arrêter toute personne mise en accusation par la Cour.
Le mandat d’arrêt, une surprise ?
Un calme incongru règne au sein de la Cour pénale internationale.
Il s’agit de l’une des affaires les plus ambitieuses dans laquelle la CPI se soit jamais engagée.
La question de savoir si et quand la CPI identifierait les suspects a fait l’objet de nombreuses spéculations.
La CPI a indiqué qu’elle avait d’abord envisagé de garder les mandats d’arrêt secrets, mais qu’elle avait décidé de les rendre publics au cas où cela permettrait d’empêcher que d’autres crimes soient commis.
Réactions en Russie et ailleurs
Les réactions se succèdent à un rythme effréné.
Les dirigeants de l’opposition russe ont salué l’annonce, le proche allié d’Alexei Navalny, critique du Kremlin emprisonné, ayant tweeté « wow ! ».
« Un mandat d’arrêt contre Poutine ! Oui, c’est un pas symbolique. Mais quelle importance ! », a-t-il écrit.
L’ancien dirigeant russe Dmitri Medvedev va jusqu’à comparer le mandat d’arrêt de Vladimir Poutine à du « papier toilette ».
« Il n’est pas nécessaire d’expliquer où ce papier doit être utilisé », a-t-il déclaré sur Twitter, accompagné d’un émoji de papier hygiénique.
L’homme qui a été président de la Russie entre deux mandats de M. Poutine et qui a ensuite occupé le poste de premier ministre pendant une longue période, s’est montré très actif et a soutenu la guerre en Ukraine.
Lors d’une brève conférence téléphonique avec des journalistes ce soir, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a réagi comme suit au mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre du président Poutine :
« La question même [soulevée par la CPI] est scandaleuse et inacceptable. La Russie, comme plusieurs autres États, ne reconnaît pas la compétence de cette cour et toute décision de ce type concernant la Russie est donc nulle et non avenue d’un point de vue juridique ».
M. Peskov n’a pas souhaité répondre à d’autres questions sur le sujet.
Le procureur général de l’Ukraine, Andriy Kostin, a déclaré que la décision était « historique pour l’Ukraine et l’ensemble du système juridique international », tandis que le chef de cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, a salué la décision comme n’étant « qu’un début ».
Le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, a déclaré que la CPI avait eu raison d’émettre le mandat et que M. Poutine devrait être « jugé pour le crime d’agression ».
Jonathan Leader Maynard, maître de conférences en politique internationale au King’s College de Londres, a déclaré qu’il était peu probable que les mandats gênent trop M. Poutine, car la CPI « s’appuie sur la coopération des gouvernements pour arrêter des personnes, et le gouvernement russe ne coopérera manifestement pas à cet égard ».
Mais il a ajouté que cela pourrait avoir un impact sur la liberté de M. Poutine de voyager dans le monde entier, car d’autres nations signataires de la CPI pourraient aider à son arrestation.