Certaines des écoles secondaires qui accueillent et enseignent de jeunes filles sollicitent aujourd’hui de l’aide pour faire face aux retombées de la crise sanitaire due au covid-19. Le concours des partenaires et bienfaiteurs est requis pour permettre un encadrement sain de ces élèves.
En plus des frais de scolarité qui sont déjà difficiles à trouver suite à la crise financière que connaissent de nombreux parents à cause des conséquences du Covid-19, certaines écoles de filles ont exigé du matériel supplémentaire dès la rentrée scolaire prochaine, et cette situation inquiète déjà les parents.
Déjà, le Père Nsabimana Evariste qui dirige le Groupe scolaire Marie Reine sis à Musanze, a signé ce 25 octobre un communiqué exigeant des élèves un lot de matériel à apporter dès la rentrée scolaire. Leurs parents s’inquiètent à leur tour pour les frais de scolarité qui leur étaient déjà difficile à réunir même avant la crise sanitaire due au Covid-19.
Certains parents qui ont requis l’anonymat pour des raisons de sécurité de leurs enfants ont exprimé leur désemparement en ces termes “ nous devons acheter des matelas, des rames de papiers et divers autres matériels habituellement exigés par l’école, et nous considérons qu’il nous sera difficile de trouver de l’argent pour acheter tout ça”.
Les parents ont indiqué que leurs activités et leur travail ont été suspendus à cause du Covid-19 et estiment que certains de leurs enfants ne retourneront pas à l’école.
Pour faire face aux difficultés auxquels sont confrontés aussi bien les parents que les écoles, le Lycée Notre Dame de Cîteaux à Kigali a sollicité l’aide auprès de ses anciens lauréats pour pouvoir se procurer de nouveaux matelas en remplacement des vieux matelas dont se servaient les élèves avant la crise sanitaire.
Les responsables des écoles se prononcent sur cette situation
Dans une interview exclusive avec Sr Hélène Nayituriki , Directrice du Lycée Notre Dame de Cîteaux, cette dernière a expliqué pourquoi ils ont dû recourir aux différents partenaires et aux anciens lauréats du Lycée afin d’alléger la tache aux parents.
Sr Hélène Nayituriki, Directrice du Lycée Nitre Dame de Citeaux ( Photo-Intego)
Intego: Où en êtes-vous avec les préparatifs de la rentrée scolaire après plusieurs mois de suspension du fonctionnement des écoles à cause du la crise sanitaire?
Sr Hélène: En réalité, nous partageons les mêmes difficultés avec toutes les catégories qui ont été secouées par les retombées du Covid-19, les écoles y comprises.Les préparatifs pour accueillir les élèves à la rentrée scolaire prochaine est une affaire de tout le monde afin de trouver des réponses aux besoins du moment , mais pour notre part ,au Lycée Notre Dame de Cîteaux, nous sommes prêts”.
Intego: Avez-vous suffisamment de moyens financiers pour vous procurer tout le nécessaire?
Sr Hélène: Alors, nous n’avons pas suffisamment d’argent, et nous nous inquiétons pour les vivres dont nous aurons besoin pour nourrir les élèves, sinon , nous avons préparé les grandes lignes de gestion de l’école.
Intego: Quels sont les défis majeurs auxquels vous faites face?
Sr Hélène: Nous partageons les mêmes défis avec tout le monde, notamment la pauvreté. Nous avons été dans l’obligation de distribuer les vivres dont nous disposions dans nos dépôts pour éviter qu’ils se détériorent inutilement. D’autre part, certains parents ont perdu leur emploi, et d’aucuns se demandent si les parents parviendront à financer la scolarité de leurs enfants.
Par ailleurs, le Gouvernement a beaucoup dépensé pour soutenir la population durant le crise sanitaire et je l’en remercie car, si les Rwandais ne sont pas morts en grand nombre c’est grâce aux efforts conjugués par le gouvernement. De ce fait, chaque personne devrait donner son apport pour soutenir le Gouvernement afin de permettre à nos enfants de trouver de quoi manger à l’école.
Intego: Actuellement des nouvelles font état de plusieurs jeunes filles qui ont qui ont contracté des grossesses non désirées et que certaines auraient même perdu le gout de l’école. Qu’en est-il des élèves du Lycée Notre Dame de Cîteaux que vous dirigez? Etes-vous prêts à les accueillir s’il en a qui ont connu ce problème?
Sr Hélène: Nous avons le devoir de n’exclure personne. Toutefois, on ne peut pas cautionner qu’une élève enceinte suive en même temps les cours, mais après l’accouchement, elle peut reprendre ses cours. Même si nous ne soutenons pas ce genre de grossesses, nous ne pouvons pas les marginaliser.
Intego:
Des rumeurs circulent disant qu’au Lycée vous avez de vieux matelas, ya-t-il un rapport avec les conséquences de la crise sanitaire?
Sr Hélène: S’il est vrai que les conséquences de la pandémie n’ont épargné personne, il est à noter qu’auparavant aucun élève n’apportait son propre matelas à l’école, ni d’autre matériel comme le coupe-coupe. Bien que certains disent que l’argent que nous demandons aux parents est exorbitant, cela n’est pas vrai car il ya des écoles où cette somme est exigée en même temps que tout ce lot de matériel, le matelas y compris.
C’est évident que les matelas du Lycée sont vieux et nous pensions les remplacer au milieu de cette année, mais la pandémie a sévi. Dès lors, nous nous sommes résolue de faire appel à nos anciens élèves, aux parents et autres partenaires afin que nos élèves dorment sur de bons matelas. L’activité est en cours.
Intego: Pourquoi n’avoir pas responsabilisé uniquement les parents d’élèves?
Sr Hélène: Nous n’avons pas voulu surcharger les parents alors que nous connaissons bien les difficultés financières qu’ils traversent. Nous pouvions bien le leur exiger, mais nous avons eu pitié d’eux et c’est pourquoi nous avons requis l’intervention des anciens lauréats du Lycée et autres parents volontaires, et nous les remercions de leur dévouement. Parmi les 400 matelas requis au Lycée, 150 sont déjà disponibles et nous avons l’espoir que le reste sera aussi trouvé.
Le Lycée Notre Dame de Cîteaux a la capacité d’accueillir 800 élèves et actuellement, seulement 400 matelas sont nécessaires pour remplacer les vieux car l’école dispose d’autres 400 nouveaux matelas dans son stock.
Ange Adeodata